L’ingénierie dans le secteur de l’énergie va bien au-delà des calculs complexes ou de la supervision de projets techniques. C’est aussi une aventure humaine, façonnée par l’expérience internationale, l’innovation technologique et les grands défis de la transition énergétique.
“L’ingénierie, c’est apprendre à transformer la théorie en solutions concrètes pour répondre aux besoins énergétiques du monde”, affirme Robert Chocian, consultant pour Altea Energy.
À travers son expérience internationale et ses missions emblématiques, Robert nous offre dans cet article une perspective authentique sur une discipline en mutation.
Originaire du Royaume-Uni, Robert se passionne très jeune pour l’ingénierie mécanique en observant les machines de cintrage hydraulique fabriquées dans l’entreprise familiale.
“Voir ces machines être construites, testées et expédiées m’a fasciné. J’ai su très tôt que je voulais être ingénieur”, se souvient-il.
Cette vocation oriente son choix d’études qui le mène à obtenir un Master en Ingénierie Mécanique (MEng) à King’s College London, en 1992.
Depuis 1992, Robert construit une carrière internationale en Arabie Saoudite, Turquie, Russie, Oman, Venezuela, Ukraine, Pays-Bas et aujourd’hui en Algérie. Il occupe des postes clés en ingénierie, en gestion de construction et de mises en service pour des opérateurs majeurs.
À 34 ans, un premier tournant : Robert intègre British Petroleum (BP) après quatre ans passés sur le projet d’Oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) en Turquie.
“Passer d’un statut de prestataire à celui de collaborateur BP m’a permis d’accéder à des opportunités incroyables à travers le monde.”, confie Robert.
Son passage au sein de la coentreprise TNK-BP à Moscou lui permet d’élargir son expérience sur des projets innovants en Russie, au Vietnam, au Venezuela et au Brésil. Il gravit ensuite les échelons jusqu’à devenir Construction Manager sur un projet gazier non conventionnel pour BP Oman.
Aujourd’hui en mission avec Altea Energy pour SONATRACH – Organisation Ourhoud dans le Sahara algérien au sein du Département Projets, Robert pilote des projets divers avec des partenaires internationaux.
” Ce qui me passionne, c’est la diversité des projets, notamment ceux visant à augmenter la production pétrolière et à réduire le torchage des gaz. C’est aussi très stimulant de contribuer à l’amélioration de l’efficacité énergétique sur le terrain.”, poursuit-il.
Une journée type commence à 6h30 par un départ du camp d’hébergement vers la base industrielle, sous supervision militaire, selon les règles de sécurité algériennes.
“Nous travaillons sur plusieurs projets avec des prestataires en Inde, aux Émirats Arabes Unis et en Algérie. Dès le matin, nous avons des réunions en visio avec notre contractant indien pour le projet de récupération du gaz de torche (FGRES). Ensuite, nous échangeons avec notre EPC contractor basé à Dubaï, sur le projet Increased Water Handling 2 en phase d’exécution.
L’après-midi, nous rencontrons nos ingénieurs algériens pour la conception de 13 nouveaux puits et leurs installations de surface.
Gérer plusieurs fuseaux horaires et coordonner différentes équipes exige une discipline rigoureuse et beaucoup de communication. Nous travaillons jusqu’à 19h, puis retour au camp, toujours escortés “, explique Robert.
En poste au Venezuela, Robert utilise le logiciel Siemens Oil & Gas Manager (OGM) pour simuler et optimiser un projet de 1 500 puits visant une production de 450 000 barils/jour.
” Ce logiciel, basé sur la simulation de procédés, nous a permis de réaliser les études de faisabilité, la sélection et la conception des concepts, ainsi que l’estimation des coûts pour les infrastructures pétrolières et gazières amont et intermédiaires, afin de déterminer la configuration la plus économique en collaboration avec les équipes de forage et de sous-sol.”, poursuit Robert.
Aujourd’hui, des logiciels intégrant l’intelligence artificielle (IA) sont disponibles pour fournir des solutions aux études de développement d’installations pétrolières et gazières.
” L’intégration des logiciels de simulation, de l’IA et de l’automatisation transforme radicalement notre façon de concevoir les infrastructures et sont indispensables aux ingénieurs aujourd’hui “, souligne-t-il.
Un défi majeur est la difficulté à trouver de jeunes ingénieurs expérimentés pour pourvoir les postes vacants au sein des organisations.
” Lors d’une récente revue de CV de candidats, ce sont principalement des candidats beaucoup plus âgés qui présentaient l’éventail d’expériences requis.
En Europe, la diminution du nombre de diplômés en ingénierie s’explique par plusieurs facteurs : la baisse des inscriptions dans les filières d’ingénierie, un changement d’orientation des étudiants vers d’autres disciplines, ainsi qu’un manque de stratégies efficaces de recrutement et de fidélisation au sein du secteur de l’ingénierie. “, explique Robert.
Malgré l’essor des énergies renouvelables, Robert reste fidèle à l’industrie du pétrole et gaz.
Durant la pandémie, il participe à des projets de gaz industriel pour Air Products en Ukraine puis Air Liquide aux Pays-Bas, notamment sur la technologie ALIVETM, un système de stockage cryogénique innovant.
“C’était passionnant de travailler sur des technologies d’avenir, mais mes compétences sont toujours dans le secteur pétrolier dans lequel j’exerce depuis plus de 30 ans. Lorsque Altea Energy m’a contacté en 2023 pour une opportunité de mission avec CEPSA en Algérie sur un projet pétrolier amont, j’ai été enthousiaste à l’idée de poursuivre dans cette voie.
L’industrie pétrolière et gazière a encore un avenir, notamment avec des développements en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. Cependant, les opportunités pour les expatriés seront moins nombreuses qu’auparavant.
Ainsi, être prêt à travailler sur des projets d’énergies vertes en Europe, ou dans son propre pays ou sa propre région, pourrait devenir nécessaire pour poursuivre sa carrière en tant qu’ingénieur dans le domaine de l’énergie.”, poursuit-il.
“Demandez-vous si vous préférez la stabilité ou la diversité des projets internationaux. Et surtout, construisez votre réseau : les recommandations personnelles sont la clé des opportunités !”, conclut Robert Chocian.
Le parcours de Robert Chocian rappelle que l’ingénierie dans le secteur de l’énergie n’est pas seulement une affaire de compétences techniques, mais aussi de passion, de rigueur et d’adaptabilité. Une discipline exigeante, mais riche pour ceux qui souhaitent façonner l’avenir de l’énergie à l’échelle mondiale.
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